Apuntes de un diario inexistente
“Inmortalizar el momento”, una frase utilizada en publicidad de servicios de impresiones de fotos, o de venta de cámaras. Hablo de la época en la que teníamos que tener un objeto para tomar una foto. En la que teníamos que pensar qué fotos tomar porque el rollo era limitado, cuando no había una nube capaz de agrandarse si pagamos un mejor plan de almacenamiento. Esos días en los que los momentos especiales o convenciones sociales exigían una muestra de existencia, un “esto ocurrió”. Preferiblemente eventos felices porque para los tristes pareciera ser suficiente el mero recuerdo caprichoso que nos visita cuando lo desea, pero no la imagen. Teníamos que esperar a ver lo que habíamos fotografiado. La fotografía era en sí misma un recuerdo. Siempre. Claro que habían las instantáneas, que antecedieron a lo que vino después: la necesidad de reconocernos inmediatamente en el sentimiento que estamos viviendo. Un selfie, una foto del momento y visualizarla para así convertir el instante en algo real, tangible, inmortal.
Nos gusta vernos a nosotros mismos porque de esta manera afirmamos el ahora. Sin embargo, el día a día se nos escapa de los dedos y no lo documentamos. Están los que tienen un proyecto profesional, las madres y los padres bajo el hechizo del hijo, o los que tienen una mascota, u otra obsesión y llenan el carrete del iPhone con más de 2000 fotos del mismo tema. No hablo de esas personas ni de esa cotidianidad. Me refiero a la rutina mecánica que gira sus engranajes todos los días de la misma manera. A la ventana que siempre vemos, a la planta que tenemos en el mismo lugar desde hace años, a la cafetera que hace el café siempre de la misma manera, al señor que nos vende el pan, a la parada de bus, a la persona que duerme a nuestro lado, etc. No pensamos en la fugacidad de las cosas porque si lo hiciéramos, no sabríamos disfrutarlo, dicen algunos. Que si lo hacemos, no podríamos vivir sin sufrimiento, dicen otros. Quizás es cierto.
Desde que vivo en este apartamento, cada día ha sido un asombro, un nuevo suspiro al ver la ventana, un nuevo “no me lo creo”. Cada visita a la señora donde compro el vino, o al carnicero, mientras el mismo hombre canta canciones clichés francesas aunque no haya turistas – lo cual me hace pensar que lo hace más por él que por los otros – es un “qué increíble puede ser esta ciudad”. Tengo fotos de cuando nos mudamos y no había nada, de cuando lo fuimos cambiando, de cada objeto, de cada planta. No las tomé pensando en tener un registro de los cambios o recuerdos para el futuro, las tomé en una inocente intención de capsular la paz que sentía, la alegría y el amor.
Toda mudanza siempre trae movimientos telúricos que conjuran la tristeza de lo que se deja y lo nuevo que viene. Cuando el porvenir inmediato ha sido tejido con ilusión, el temblor es menos profundo a cuando se deja una certeza para entrar en la desconocida red de nuestras sombras. Desmantelar un apartamento de a dos es un proceso de excavación doloroso. Como si decidiendo con qué objeto quedarse estuviéramos decidiendo qué memoria guardar. Este plato que compramos en Poitiers o la alfombra que cargamos desde Capadocia, y los cubiertos de bistro que le compramos a un cubano instalado en París, o la mesita de la sala que cargamos bajo la lluvia hasta que nos montamos en un bus creyendo tener refugio y encontrándonos con una batalla de coches de niños y gente bastante malhumorada.
Los objetos, cuencos contenedores de memorias. Catalizadores de historias. Mi relación materialista con ellos se explica por mi obsesión con los recuerdos. El objeto se transforma en el medio para invocar una vivencia y así revivirla. Su existencia no depende de mí pero su significado sí. Anclo entonces mi capacidad de recordar a algo visual : una postal, una foto, un objeto tomado de un viaje, un animal moldeado de arcilla por un refugiado en Calais, el ángel tallado por algún artesano en Mérida, un búho de cristal que decoraba la sala de estar de mi abuela, una árbol metálico regalo de mi padre, un origami en su cúpula, signo de libertad y encierro. Arqueología de la vida, tótems. En ellos encapsulo el tiempo, en mí lo hago remembranza.
22.02.2021
Cette étrange obsession pour les objets
Version française (sans corriger)
Immortaliser le moment, une phrase souvent utilisée dans la publicité des services d’impressions des photos, ou de vente d’appareils de photo. Je parle de l’époque où on avait besoin d’un “appareil” pour prendre une photo. Où on devait bien réfléchir avant de prendre une photo, car la pellicule n’était pas illimitée, une époque où on ne disposait pas d’un nuage (cloud) avec la capacité de grandir si on payait pour plus de stockage. Je parle des jours dans lesquels les moments importants, ou les “conventions sociales” demandaient une preuve d’existence, un message “cela a eu lieu”. Préférablement des événements heureux, car pour les tristes la visite sans prévenir du souvenir capricieux nous suffit, nous n’avons pas besoin d’une image de cela. À cette époque, on devait attendre pour découvrir ce que nous avions photographié. La photographie était en soi-même, un souvenir. Toujours. Certes, il y avait les instantanées, prédécesseures a ce qui est arrivé plus tard : le besoin de nous reconnaître immédiatement dans le sentiment que nous expérimentons. Un selfie, une photo du moment et la visualiser pour ainsi convertir l’instant en réalité, tangible, immortel. Nous aimons nous regarder dans les photos, car de cette façon nous réaffirmons le présent. Cependant, au jour le jour s’échappe de nos doigts et nous ne le documentons pas. Il y a ceux qui ont un projet professionnel, les mères et les pères sous le charme de leur enfant, ou ceux qui ont un animal de compagnie, ou une obsession et qui remplissent leur portable avec plus de 2000 photos sur la même thématique. Je ne parle pas de ces personnes, ni de cette quotidienneté. Je fais allusion à la routine mécanique qui tourne ses engrenages tous les jours de la même façon. À la fenêtre à travers laquelle on observe, à la plante que nous avons dans le même endroit depuis des années, au monsieur qui nous vend le pain, à l’arrêt du bus, à la personne qui dort à notre côté. Nous ne pensons pas à la fugacité des choses, car si on le faisait, on ne pourrait pas y en profiter, dissent certains. Car si on le faisait, nous ne pourrions pas vivre sans souffrance, dissent les autres. Peut-être, c’est vrai.
Depuis que j’habite dans cet appartement, chaque jour a été une surprise, un nouveau soupir en regardant par la fenêtre, un nouveau “je ne me le crois pas”. Chaque visite chez la dame qui vend les vins, ou à la boucherie, pendant que le chanteur chant les chansons françaises clichées même s’il n’y a pas de touristes (ce qui nous fait penser qu’il le fait pour son propre plaisir et pas pour faire plaisir aux autres), c’est une “cette ville est incroyable”. J’ai des photos de quand nous avons déménagé et l’espace était à moitié-vide, des changements faits, de chaque objet, de chaque plante qui s’ajoutait à la collection. Je ne les ai pas prises avec l’intention de faire un registre des changements ou pour avoir des souvenirs dans le futur, mais plutôt avec la naïveté d’encapsuler la paix, le bonheur et l’amour.
Tout déménagement provoque toujours des mouvements telluriques qui regroupent la tristesse laissé derrière nous et l’avenir. Quand le futur immédiat a été tissé avec de l’illusion, le tremblement de terre est moins fort à quand on laisse derrière nous une certitude pour rentrer dans le filet de nos ombres. Démonter un appartement de deux est un processus d’excavation douloureux. Comme si on choisissant l’objet à garder on choisissait aussi quel souvenir reste avec nous. Cette assiette que nous avons acheté à Poitiers, ou le tapis que nous avons porté depuis la Cappadoce, et les couverts de bistro achetés à un cubain résident à Paris, ou la table basse que nous avons porté sur les bras sous la pluie jusqu’à avoir trouvé un bus pour prendre refuge pour nous retrouver entre les poussettes et les mamans désespérées.
Les objets, des bols contenant des mémoires. Catalyseurs des histoires. Ma relation matérialiste avec eux s’explique par mon obsession avec les souvenirs. L’objet se transforme en moyen pour invoquer une expérience de vie et la revivre. Son existence ne dépend pas de moi mais la signification donnée, oui. Je fais ancrer ma capacité de me rappeler des événements à une chose visuelle : une carte postale, une photo, un objet acheté dans un voyage, un animal modelé en argile par une réfugié à Calais, l’ange en bois fait par un artisan à Merida, une chouette en cristal du salon de ma grand-mère, un arbre métallique offert par mon père, un origami dans une sphère représentant la liberté et l’enfermement. Archéologie de la vie, tótems. En eux j’encapsule le temps, en moi je leur fais souvenir.